Mon apostolat de frère étudiant : « L’art de l’accompagnement » dans le chemin catéchuménal – frère Jokūbas-Marija
Mon apostolat de frère étudiant : « L’art de l’accompagnement » dans le chemin catéchuménal – frère Jokūbas-Marija

Mon apostolat de frère étudiant : « L’art de l’accompagnement » dans le chemin catéchuménal – frère Jokūbas-Marija

L’accompagnement

« L’Église devra initier ses membres – prêtres, personnes consacrées et laïcs – à cet art de l’accompagnement, pour que tous apprennent toujours à ôter leurs sandales devant la terre sacrée de l’autre (cf. Ex 3, 5). Nous devons donner à notre chemin le rythme salutaire de la proximité, avec un regard respectueux et plein de compassion mais qui en même temps guérit, libère et encourage à mûrir dans la vie chrétienne. » (Joie de l’Évangile 169, Pape François)

C’est avec ses mots du Pape François que j’ai commencé mon apostolat comme accompagnateur des personnes dans leur chemin du catéchuménat. C’est un apostolat qui demande beaucoup : beaucoup de patience, beaucoup de bienveillance, beaucoup de finesse, beaucoup d’humilité. Ce sont des piliers sur lesquels, tout premièrement, chaque accompagnateur doit s’appuyer, non pas sur ses connaissances bibliques ou théologiques. Un homme qui vient à l’Église pour demander le Baptême cherche tout d’abord quelqu’un qui puisse l’accueillir, qui puisse marcher avec lui vers une rencontre plus intime et plus profonde avec le Christ. La relation entre celui qui accompagne et celui qui est accompagné n’est pas la relation d’un maître à d’un disciple, mais plutôt d’un frère aîné avec un frère qui apprend à marcher. C’est pour cela qu’il est essentiel de créer un climat de confiance et d’ouverture. La première chose que demandent les accompagnés, c’est que leurs accompagnateurs vivent eux-mêmes une véritable relation avec Dieu.

Cela fait toujours peur de commencer. Moi aussi, j’avais peur parce qu’un tel apostolat demande de porter une grande responsabilité. Même si j’ai déjà dit que les premiers piliers de l’accompagnement ne sont pas les connaissances de la Bible ou de théologie, il est évident que cela est nécessaire pour transmettre l’essentiel de la foi catholique, surtout parce que le parcours catéchuménal est fondé sur la lecture de la Parole de Dieu et la connaissance progressive de l’enseignement de l’Église. Étais-je prêt pour une telle aventure ? J’hésitais, mais ce qui est bien quand tu es un frère étudiant, c’est qu’il y a toujours quelqu’un qui décide pour toi… Mon père-maître m’a encouragé et j’ai accepté de rejoindre la fraternité catéchuménale. Aujourd’hui je puis dire qu’accompagner, être accompagnateur, ne se fait pas sans combat, sans peur, sans doute. Il faut pouvoir s’appuyer sur la prière, la foi et l’expérience des autres.

Le chemin catéchuménal

Quand on accueille pour la première fois quelqu’un qui commence son chemin vers le Baptême il faut toujours avoir dans l’esprit quelques éléments importants. Tout d’abord il faut créer un climat de confiance, il faut permettre à la personne de parler de sa démarche et de son désir, exprimer la joie de l’Église de l’accueillir, être attentif à sa situation concrète.

Avec le catéchumène on se voit une fois par mois. Chaque rencontre dure entre une et deux heures. Dans le chemin catéchuménal on insiste beaucoup sur le temps. Le temps est une donnée précieuse pour ceux qui sont accompagnés. Il est signe de la patience de Dieu envers ceux qui le cherchent et première expérience de leur fidélité. Le Cardinal Philippe Barbarin dans sa lettre « A l’attention des acteurs pastoraux du catéchuménat » (publiée en 2015) parle de l’importance du temps dans le parcours catéchuménal :

Le Catéchuménat est un véritable temps de maturation de la foi. Il n’est pas rare que les catéchumènes, mais aussi leurs accompagnateurs, veuillent raccourcir ce temps : les premiers ayant un fort désir de cette vie nouvelle avec le Christ, les seconds estimant, parfois trop rapidement, que le candidat est « prêt ». Or le rituel insiste : « le catéchuménat est un temps prolongé pendant lequel les candidats reçoivent de l’Église une formation adaptée de manière que leur conversion et leur foi parviennent à maturité, ce qui peut demander plusieurs années. »

Le catéchuménat est un chemin de conversion. C’est une conversion qui mène vers l’amitié personnelle avec Dieu qui change la vie. Le Pape Benoît XVI écrit que pour un adulte qui désire devenir chrétien, « il n’y a pas une décision ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive » (Deus caritas est, Pape Benoit XVI).

Nous voyons ici que les acteurs principaux de cette démarche sont Dieu et le catéchumène. Le rôle de l’accompagnateur est de représenter la communauté, de cheminer ensemble, de témoigner, d’encourager, de prier… Mais Dieu seul reste toujours celui qui fait grandir. Il est celui qui mène l’homme vers la maturité dans la foi. Le chemin de catéchuménat a pour but de retrouver une vraie liberté intérieure, de créer une unité de vie entre ce qu’on croit, ce qu’on est et ce qu’on vit, de grandir dans la vie de prière, de s’intégrer progressivement dans l’Église et dans la communauté.

Je suis heureux de participer à ce beau chemin et de voir les hommes et les femmes qui grandissent dans la foi, qui éprouvent un vrai désir de vivre avec Dieu. C’est aussi un lieu où je puis, moi aussi, grandir dans la foi, expérimenter l’amour de Dieu pour les hommes, m’interroger, moi-même, sur les fondements de ma vie avec Dieu. C’est un apostolat très enrichissant et j’espère continuer l’an prochain.

fr. Jokūbas-Marija Goštautas, o.p.

TABELLA