Étude et mission

                                             

« Saint Dominique, singulièrement innovateur en cela, a intimement inclus dans le propos de son Ordre l’étude ordonnée au ministère du Salut. […] C’est pourquoi notre étude doit viser principalement, ardemment et avec le plus grand soin, à ce que nous puissions être utiles à l’âme du prochain. »

Livre des Constitutions et Ordinations des Frères de l’Ordre des Prêcheurs, n°76-77, § I

 

 

                 Le cliché selon lequel les dominicains seraient tous des intellectuels est assez répandu. Si tous les frères ne font pas forcément de longues études universitaires, il est vrai que l’étude tient une place importante dans notre Ordre. Mais elle n’est pas une fin en soi. C’est un moyen qui nous permet de mieux connaître Dieu. Celui qui aime veut connaître l’être aimé. C’est donc poussé par l’amour de Dieu, que nous cherchons à comprendre ce qu’il nous a révélé de lui. Par l’étude, nous trouvons les mots pour parler de ce qui est indicible.

                  Et de même qu’un charisme du Saint Esprit est donné à un membre de l’Eglise en vue de la sanctification de tout le corps, les fruits de l’étude récoltés par le dominicain doivent aussi être partagés avec les autres. Et c’est dans la prédication que cette répartition des richesses acquises peut se faire. Saint Thomas d’Aquin exprime bien cette idée lorsqu’il dit que la vie dominicaine consiste à « contempler et transmettre le fruit de la contemplation », et l’étude est bel et bien une contemplation de Dieu, tout comme la prière. L’étude de la théologie n’est pas la simple acquisition de connaissances qui ne nous affecteraient pas au plus intime. Elle suscite même parfois des combats intérieurs voire extérieurs, puisque la recherche de la vérité implique aussi la confrontation des idées afin de dépasser les opinions.

 

 

              La rigueur dans l’étude est importante non pas tant pour l’obtention de diplômes mais surtout parce que ce qui est en jeu est le salut des âmes. Notre mission consiste donc à travailler la foi de l’Eglise pour la faire resplendir tel un joyau brillant de mille éclats aux yeux du monde. La Tradition contient un nombre insoupçonné de trésors desquels nous pouvons « tirer du neuf et de l’ancien » (Mt 13,52). Une parfaite compréhension de l’articulation des vérités de foi entre elles nous rend capables de mettre en évidence la cohérence de ce en quoi nous croyons. Le pape Honorius III, qui approuva l’Ordre en 1216, dit des dominicains qu’ils « seront les champions de la foi », montrant par là le grand espoir qu’il plaça en nous. Ces mots sortis du passé nous rappellent l’actualité de notre mission d’évangélisation dans un monde qui ne sait plus à quel saint se vouer.

            Aujourd’hui, plus que jamais, l’exigence est grande en considération du niveau d’éducation élevé de nos contemporains, qui ne se satisferont pas de platitudes. C’est ce dont voulait parler saint Pierre lorsqu’il dit : « Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous » (1 P 3,15). En nous conformant à ces paroles, nous pourrons faire découvrir aux hommes que l’objet de nos études, Dieu, est aussi objet de leur désir enfoui.

 

 

fr. Eric-Marie MWANZA, o.p.

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