« Un langage pour dire « nous » »
« Un langage pour dire « nous » »

« Un langage pour dire « nous » »

Chers lecteurs, nous espérons que vous avez passé une très belle fête de Noël ! Pour beaucoup, elle est l’occasion de vivre des moments de rassemblement, d’unité, surtout en famille. Dieu en soit loué ! Puissent-ils nous conduire à désirer plus encore que le Seigneur conduise son Eglise vers l’unité parfaite, et à y contribuer pour notre part. C’est sur le travail accompli par St Paul en ce domaine que le fr. Alban tournait nos regards il y a quelques jours…

Méditation du fr. Alban Vallette d’Osia o.p.

pour le 4ème Dimanche de l’Avent, sur la deuxième lecture de la messe (Rm 1, 1-7)

Dans ces premiers versets, qui sont l’introduction de sa lettre aux Romains, Paul dit qui est le Christ dans un langage théologique. Il met en contraste l’incarnation et l’exaltation du Fils de Dieu.

Quand on proclame ce passage d’une traite à vêpres, c’est difficile à comprendre et à retenir. Si on compare avec l’évangile du jour, on voit une grande différence de style ! L’histoire du songe de Joseph est simple, facile à retenir. Marie est enceinte avant le mariage, Joseph veut la répudier, il reçoit un songe, change d’avis et prend Marie chez lui. Ainsi Jésus, l’Emmanuel, peut naître selon la prophétie.

Comment est-on passé de l’histoire simple de St Matthieu à l’exposé complexe de St Paul ? Pourquoi Paul sent-il le besoin de dire qui est Jésus dans cet autre langage ? Pourquoi l’Eglise nous présente-t-elle ces deux textes ensemble ? Pourquoi tenir les deux à la fois ?

Avec Paul, on passe de l’histoire racontée de Jésus à une synthèse théologique. Cette histoire a mûri dans la vie de Paul et elle est devenue un enseignement théologique solidement assis. Le besoin qui se fait sentir pour Paul, c’est d’exprimer ce qu’il y a d’universel dans cette histoire. De l’inculturer dans l’empire romain. De l’insérer dans la culture grecque.

Il fallait que Rome apprenne à dire sa foi dans le même langage que les communautés de Judée, de Syrie, de Grèce. Il fallait cet effort théologique pour que les chrétiens apprennent à dire leur foi dans le même langage. Il le fallait, pour que les communautés s’ajustent les unes aux autres et s’assurent de croire de la même foi.

En un mot, pour maintenir leur unité.

Transposé pour nous aujourd’hui, difficile de venir ensemble à la crèche si nous ne sommes pas d’accord sur ce que nous croyons et la façon de le dire. Difficile de se présenter à Dieu et de lui dire « Seigneur nous te prions, nous t’adorons, nous croyons », si je ne crois pas la même chose que mon voisin. Dire notre foi dans le même langage est essentiel pour notre unité.

Quelle chance, donc, d’avoir à la fois l’Evangile et la lettre de Paul dans nos lectures ! C’est un appel à l’unité à deux égards.

1/ D’abord, c’est un appel à faire l’unité en soi. Comme Paul, je suis appelé à m’approprier le mystère du Christ. A le laisser maturer en moi. Je suis appelé à le méditer, qu’il remplisse l’espace de ma vie. Ma vie prend cohérence autour du Verbe de Dieu. C’est lui qui me donne mon unité de vie.

2/ Et puis c’est un appel à l’unité en communauté. Comme Paul, nous sommes appelés à partager cette foi. Entre nous chrétiens, et avec d’autres lorsque l’occasion se présente. Il n’est pas facile de parler de foi. Pour y parvenir, il faut apprendre à faire le lien entre mon expérience de la foi, et celle de l’Eglise. Entre ma vie spirituelle et les mots que la communauté des croyants a appris pour la dire. Là se trouve une semence d’unité des chrétiens.

Laissons-nous donc toucher par cet appel de Paul : « Je vous en prie, frères, par le nom de Notre Seigneur Jésus Christ, ayez tous le même langage ; qu’il n’y ait point parmi vous de divisions » (1 Co 1,10). – Amen

TABELLA