« Se faire un nom ? »
« Se faire un nom ? »

« Se faire un nom ? »

Méditation du deuxième dimanche de Carême, sur la première lecture de la messe (Gn 12, 1-4a)

Dans ce temps de Carême, il convient de regarder de plus près ce qui est au fondement de notre vie spirituelle, ce qui fait l’essentiel dans notre vocation chrétienne. Qu’est-ce que nous dit ce récit d’origine, la vocation d’Abraham ?

Ce récit vient après l’histoire de la chute de la tour de Babel : l’humanité dispersée contre sa volonté et son projet orgueilleux. La famille d’Abram est présentée à la fin de la liste des patriarches après le Déluge, et c’est une famille frappée quelque peu par le malheur : le frère d’Abram, Harân, meurt jeune, sa femme Saraï est stérile, et son père Térah n’arrive pas à s’installer en Canaan.

Dieu s’adresse à Abram avec une étonnante spontanéité, comme une évidence, comme à un ami, alors qu’Abram n’a rien fait pour mériter cette grâce. Abram répond en se mettant en route, il fait confiance, et c’est ça qui fait de lui le père des croyants.

« Faisons-nous un nom et ne soyons pas dispersé sur la terre ! » disaient les bâtisseurs à Babel. « Je magnifierai ton nom … en toi seront bénies toutes les familles de la terre », dit le Seigneur. C’est bien Lui qui prend l’initiative, Lui qui choisit Abram pour faire de lui un signe de son Alliance avec toute l’humanité.

Bénir Abraham, ça veut dire reconnaître en lui ce signe, cette initiative d’amitié gratuite que Dieu a prise. Si on bénit le nom d’Abraham, on renonce à mettre en avant son propre nom, et c’est là une invitation à faire un geste de reconnaissance devant l’initiative de Dieu.  

« Sois une bénédiction », c’est une parole qui donne vie, un rétablissement de l’homme dans le dessein de Dieu. Abram va découvrir peu à peu les bénédictions étonnantes que Dieu a réservées pour lui, mais d’abord il lui faut vivre un dépouillement, un temps de stérilité ; il faut qu’il renonce à son héritage et qu’il fasse une confiance de plus en plus totale.

Nous n’en sommes aujourd’hui plus à la même étape de la pédagogie divine : nous avons part à la Nouvelle Alliance, et Dieu s’est révélé davantage en son Fils, dans la plénitude des temps. Mais nous pouvons prendre à cœur la leçon présentée à Abram : laisser Dieu prendre l’initiative, apprendre à vivre pour un temps dans le dépouillement – et surtout rendre grâce et bénir le Nom de Dieu, de Son Fils qui a été magnifié, le Nom qui est au-dessus de tout nom : le saint Nom de Jésus.

fr. Andreas Riis o.p.

TABELLA