Extra Conventum #2 – En chantier…
Extra Conventum #2 – En chantier…

Extra Conventum #2 – En chantier…

Dès qu’il fait beau temps, j’aime délaisser un peu la théologie pour me dégourdir les jambes et m’aérer la tête. Ayant travaillé dans le bâtiment, je ne peux m’empêcher d’approcher les chantiers de construction qui se multiplient non loin du couvent : les engins de terrassements s’actionnent pour creuser les fondations, les grues poussent comme des champignons, les compagnons s’affairent comme dans une fourmilière …

Observant un tel spectacle d’un œil avisé, je ne peux m’empêcher – dans le contexte des scandales à répétition qui défigurent l’Église – de penser et de méditer la parabole de la maison bâtie sur le rocher (Mt 7, 24-27). Je pose la question : sur quoi avons-nous bâti nos vies, notre foi ? Sur des hommes ? Sur des sagesses humaines ou sur la personne Jésus-Christ ?


Les révélations qui se succèdent perturbent un grand nombre d’entre nous, ébranlant même la foi d’un certains nombres. Où donc est passé cette Église Sainte que nous confessons tous les dimanches dans notre acte de foi [1] ? Certes, l’Église a toujours été composée de pécheurs – ne le sommes-nous pas tous – mais les scandales qui sont dévoilés aujourd’hui choquent par leurs nombres, leurs gravités, par les personnalités impliquées [2] et parfois même par le silence coupable des institutions. Comment comprendre que des personnes ayant commis de tels actes soient souvent en responsabilité, censées porter le message du Christ ? L’Église serait-elle faillible ?

[1] […] je crois l’Eglise Une, Sainte, Catholique, et Apostolique […] (Symbole des Apôtre)
[2] Je souhaite fortement dire qu’il ne s’agit pas d’une prérogative masculine :
voir Le Silence de la vierge par exemple

Du haut de ses 2000 ans, L’Église est la plus vielle institution de l’humanité. Elle a été fondée par Jésus et elle repose sur Lui. Elle est la communion des croyants animée par l’Esprit-Saint (l’Église militante), et aussi la troupe innombrable de ceux déjà arrivés à la sainteté (Église triomphante). Elle est également une organisation humaine composée d’hommes et de femmes faillibles. En tant que telle, il me semble possible de pouvoir affirmer que l’Église, Sainte de par son origine,  sa mission et et sa fin, peut aussi dans sa dimension humaine, temporelle, institutionnelle être pécheresse, voire même devenir structure de péché lorsque les responsables ne prennent pas leurs responsabilités ou en abusent. Ainsi, si l’on ne peut jamais séparer complètement l’Église Sainte de l’institution Église, on ne peut pas non plus la confondre totalement ici-bas. En effet, l’Église en sa dimension institutionnelle et humaine n’est pas immuable, elle peut et doit changer pour se ré-accorder encore et toujours à sa vocation : annoncer la bonne nouvelle du Salut en Jésus Christ et dispenser ses grâces. (Tout de même !)



Finalement, que nous soyons troublés, choqués par toutes ses révélations est bon signe. Ces réactions traduisent la conscience vive de l’incompatibilité totale entre le message du Christ, la mission de l’Église, et les comportements de certains de ses membres. Si notre Foi et notre Espérance sont en Christ et en Lui seul, la pluie aura beau tomber, les vents souffler et les torrents se précipiter, Foi et Espérance tiendront bon car fondés sur le Roc !

Fondés sur le Christ, notre solide rocher, nous sommes par là-même agrégés à son Corps qui est l’Église, déjà Sainte mais pas encore !

« Seigneur, augmente en nous la foi » (Lc 17,5)

Fr. Mathieu-Marie Trommer o.p.

TABELLA