Il est tard.
Il est tard.

Il est tard.

Méditation du fr. Thomas Zimmermann, o.p.

pour le 3ème dimanche de l’Avent, sur la 1ère lecture de la messe. (Is 61, 1-2a.10-11)

Mes frères,

Il est tard. Il est tard dans l’Histoire.

Être toujours dans la joie, comme nous y exhorte la liturgie d’aujourd’hui, et l’Ecriture ce soir, cela ne va pas du tout de soi. Le fr. Albert rappelait avec les mots d’Isaïe, il y a deux semaines, notre état de feuilles mortes. Le fr. Mina-Athanase, la semaine dernière, nous disait qu’il y a un peuple à consoler – peuple dont nous faisons partie –. Et c’est encore vrai aujourd’hui. Il est donc pour nous évident, que la joie n’est pas de tous les instants.

Il est tard. Tard quand nous entendons la deuxième partie de ce texte, aux Complies, chaque jeudi soir. Notre esprit, notre âme et notre corps ont traversé la journée, et c’est plus dans la persévérance que dans la joie, que sont rallumées les bougies à l’autel de la chapelle.

Eh bien précisément, c’est de cette joie des bougies rallumées qu’il nous est parlé ce soir, de cette joie née de la persévérance. Joie d’hiver, joie du couchant, joie du Baptiste. Les bougies sont le symbole des prophéties, et « vous faites bien de fixer votre attention sur elles, comme sur une lampe brillant dans un lieu obscur jusqu’à ce que paraisse le jour et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs, » dit S. Pierre dans sa seconde épître.

Ce sont elles, les prophéties, qui ont suscité le Benedictus et le Magnificat, ce que le fr. Matthew nous a rappelé hier.C’est encore vers elles que nous dirige S. Paul ce soir en nous disant : « N’éteignez pas l’Esprit, ne méprisez pas les prophéties. » Cela veut dire tout d’abord : ne méprisez pas les bougies, bougies de la prophétie quotidienne et liturgique.

Mais cela veut dire surtout : continuez à éclairer l’Histoire à la lumière de la foi. Le fr. Rémi-Michel m’envoyait l’autre jour un extrait de l’introduction à l’Histoire des Maîtres Généraux de l’Ordre, par le p. Mortier, qui refusait de devenir neutre en s’attelant à sa tâche d’historien. Rappelez-vous aussi la thématique de la retraite conventuelle par le fr. Jean-Michel. Notre état de religieux, particulièrement de prêcheurs, lie notre joie à la reconnaissance de l’action de Dieu dans le monde d’aujourd’hui. Dans l’étude, dans l’apostolat…

Mes frères, il est tard. Tard dans l’Histoire. Avec quoi nous éclairons-nous ?  

TABELLA