Un frère, Un Rosaire : Lourdes
Un frère, Un Rosaire : Lourdes

Un frère, Un Rosaire : Lourdes

Il y a deux semaines, je suis allé à Lourdes en pèlerinage. Depuis 1908, les frères dominicains français des deux provinces organisent le pèlerinage du Rosaire à Lourdes la première semaine d’octobre. COVID-19 oblige, l’année dernière il a eu lieu mais à taille réduite. Cette année marquait donc le retour des pèlerins à mi jauge, ce qui signifie que nous n’avons pu emmener que trois cents malades et plus de six mille pèlerins. Une belle édition !

Les frères dominicains, qu’ils soient prêtres ou frères étudiants, sont répartis dans différents services pour les cinq jours que dure le pèlerinage. Si la plupart sont affectés aux Hospitalités des différentes régions, aisément reconnaissables par leurs foulards de couleurs différentes, d’autres sont rattachés plus spécifiquement à des groupes de bénévoles spécifiques (les Hospitalières, Hôtesses, Commissaires, Brancardiers) ou à des services et lieux particuliers (Jeunes adultes handicapés, Sourds et malentendants, Lycéens, Collégiens, Liturgie, Animation spirituelle des Piscines et lieux de prière, Recueil des intentions de prière, etc.).

Pour ma part, je sers pour la seconde année consécutive au sein de l’équipe nationale du Pèlerinage Rosaire Jeunes Collégiens. Nous sommes trois frères de deux provinces dominicaines, deux sœurs apostoliques et quatre laïcs à encadrer deux cents adolescents de Troisième originaires de la France entière, accompagnés d’une trentaine d’enseignants, qui prennent le train et le bus pour venir à Lourdes en pèlerins eux aussi. Pour beaucoup, c’est la première fois qu’ils viennent à la Grotte mettre leurs pas dans ceux de la petite Bernadette. Originaires des collèges Saint Jude d’Armentières, Sainte Jeanne d’Arc de Roubaix, Les Ormeaux du Havre, Saint Dominique de Rouen, Sainte Marie de Royan et Adèle de Trenquelléon d’Agen, tous ont demandé à participer.

Le programme de ces cinq jours est adapté à ces jeunes aux parcours de foi très divers. Certains sont familiers des sacrements et d’autres pas du tout. Nous nous attachons donc à leur proposer un temps de retraite spirituelle à la fois adapté à leurs besoins (Grands jeux, sport, ascension du mont Béout – 400 m de dénivelé positif, confessions, processions, veillée témoignage avec la communauté du Cenacolo, veillée festive) et qui leur permette de vivre avec les autres pèlerins les grands temps forts de ce pèlerinage : grandes messes du matin, voiturage de malades, gestes de l’Eau aux piscines.

Les jeunes sont d’abord touchés par les expériences sensibles qu’ils font à Lourdes. Il n’est pas rare de les voir pleurer. Ils sont émus par les gestes posés, les regards échangés, la beauté des célébrations, et surtout les rencontres faites. Ils sont portés par la prière des plus anciens et ceux-ci retrouvent de la joie et de l’espérance à voir tant de jeunes présents au service des plus fragiles.

En partageant ces quelques jours avec eux, je suis toujours frappé à quel point Dieu ne cesse pas de parler. Leurs paroles ne cessent de m’étonner et de m’interpeller. « Jésus est content que je sois finalement venue ici » m’a dit une collégienne. Un autre m’a fait beaucoup rire en me disant « Ici, les messes elles sont bien, elles sont pas catholiques ». Comprendre ici, les messes sont belles, les homélies sont compréhensibles et on peut prier.

Moi-même, j’ai toujours du mal à m’extraire de mon quotidien bien chargé pour venir en pèlerin à Lourdes déposer mes fardeaux aux pieds de la Sainte Vierge. Et pourtant c’est si nécessaire. Je ne suis pas meilleur qu’un autre et j’ai moi aussi besoin de donner pour recevoir. Ces cinq jours sont une parenthèse de décentrement de soi pour beaucoup. Les malades quittent des hôpitaux ou des EHPADs et partent cinq jours en vacances se faire cocooner par des gens de tous âges, professionnels ou retraités, qui donnent une semaine par an pour veiller sur eux. Des établissements scolaires laissent des adolescents quitter leurs salles de classe pour venir servir.

Lourdes, ça n’est pas juste un pélé. C’est une grosse réunion de famille. Au-delà des conférences, des pots dans les bars, des activités diverses et variées proposées, parfois même au-delà des processions et temps forts spirituels, le cœur de Lourdes bat au rythme des rencontres qui naissent, et ne laissent aucun de nous indemne.

Le Pélé du Rosaire, c’est un temps où nous sommes, comme Marie, « comblés de grâces ». Nous venons déposer auprès de la Croix toutes nos maladies, infirmités, peines et prières pour repartir le corps fatigué mais le cœur plein de joie et d’espérance, ravi d’avoir tant donné, tant reçu et en somme tant partagé. Quant à moi, je repars plus confiant dans ma mission apostolique : prêcher l’Évangile aux jeunes, et redire avec Saint Paul « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile » (1 Co 9,16)

Pour en savoir plus sur le Pèlerinage du Rosaire.

TABELLA