« Avancez-vous ! » – Week-end EVEN à la Salette
« Avancez-vous ! » – Week-end EVEN à la Salette

« Avancez-vous ! » – Week-end EVEN à la Salette

« Avancez-vous », ce sont les premières paroles de la Vierge à la Salette au petit Maximin et à la petite Mélanie, lors de son apparition le 19 septembre 1846. C’est précisément ce que nous avons fait, du vendredi 3 au dimanche 5 décembre, depuis Lyon ! Nous étions 34 du groupe EVEN Lyon à nous rendre dans ce sanctuaire pour un week-end, derrière le fr. Jean-Baptiste, responsable de ce groupe depuis maintenant 3 ans. Le but premier, c’était de vivre un temps fraternel au-delà des réunions théologiques et bibliques que nous avons tous les mardis soirs. Le but second, c’était aussi de s’avancer, bien plus que simplement se déplacer : s’avancer vers ce sanctuaire perché au bout d’une route dangereuse, vers un message lourd à porter comme la réalité ecclésiale qui est la nôtre aujourd’hui. 

Je ne vais pas vous décrire longuement la joie de ces rencontres et la beauté des lieux : les photos vous montreront la splendeur des lieux, les temps de prière et de louange, les sourires sur les visages, les batailles de boules de neige, les descentes en snowboard pour les plus téméraires. Nous avons été accueillis avec beaucoup de chaleur et de bonté par les missionnaires et les sœurs de la Salette ! Nous avions même le sanctuaire pour nous seuls. Cette fraternité et ces paysages immaculés nous ont été bien précieux pour nous plonger dans le message de Marie à la Salette et la lettre du Pape François Pro Populo de 2018 que nous avions choisi de travailler ensemble. C’est sur ce point que je veux revenir ici. 

Le message de Marie à la Salette, c’est tout d’abord ses larmes, son visage caché dans ses mains lorsque les petits bergers l’aperçoivent. Ce sont ensuite des paroles dures : « je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils ; il est si lourd et si pesant que je ne puis plus le retenir ». 

Le message du Pape François, c’est peut-être aussi des larmes, le visage de l’Église qui n’a même plus ses mains pour se cacher. Ce sont aussi des paroles dures : « […] nous ressentons de la honte lorsque nous constatons que notre style de vie a démenti et dément ce que notre voix proclame. Avec honte et repentir, en tant que communauté ecclésiale, nous reconnaissons que nous n’avons pas su être là où nous le devions, que nous n’avons pas agi en temps voulu en reconnaissant l’ampleur et la gravité du dommage qui était infligé à tant de vies ».

Une partie du samedi après-midi a donc été consacrée à ces messages, et quatre groupes ont été formés pour réfléchir sur quatre points de la lettre du Pape : suis-je le gardien de mon frère ; culpabilité, responsabilité, solidarité ; Marie au pied de la croix ; l’Église, imparfaitement et véritablement sainte. 

Je vous avoue que j’étais plutôt contre le fait d’aborder ces sujets durant un week-end qui devait être sous le signe des retrouvailles enneigées et de la joie. Il en va de tant de sujets qu’il est important d’aborder, mais qu’on laisse volontiers aux autres. J’ai finalement été étonné du temps de partage et de paroles que nous avons pu avoir, de la profondeur des questionnements de chacun mais aussi des voies de salut, de justice et de paix qui s’ouvraient devant nous. Un peu comme saint Jean-Baptiste, nous découvrions que la parole, la vérité, un regard clair et transparent pouvaient aplanir les chemins, rendre droites les routes

Cet après-midi m’a inspiré la réflexion suivante : notre génération doit aussi choisir l’Église ! Je vais tenter de m’expliquer. 

Tous autant que nous étions à ce week-end, nous étions là parce que nous avions choisi le Christ. Cela relève de l’évidence. Même en ayant suivi tout ou une partie du parcours de l’initiation chrétienne (naître dans une famille pratiquante, recevoir tous les sacrements jusqu’à la confirmation, aller de temps en temps à la messe), il faut que chacun, à un moment donné, choisisse le Christ. Il faut faire ce pas de côté, au-delà d’une simple tradition religieuse qui nous aurait été transmise. Mais notre génération aujourd’hui doit aussi choisir l’Église. Contrairement à d’autres âges où l’Église était triomphante, évidente partout, majoritaire dans notre pays, revêtue d’une image de sainteté… nous sommes fils et filles d’une Église aujourd’hui minoritaire, embourbée, salie, branlante, presque abandonnée, livrée à elle-même. 

Décrire l’Église comme une famille, ce n’est pas suffisant, car certains quittent ou s’éloignent de leur propre famille. Nous savons combien cela peut s’avérer nécessaire. Non, ce que j’ai vu ce week-end, dans tout notre groupe, c’est ce choix assumé et renouvelé de l’Église à cause du Christ, à cause de l’Évangile, à cause de ce Peuple de Dieu auquel nous sommes viscéralement liés par notre baptême. C’est espérer contre toute espérance. C’est l’humilité d’un regard juste face à la réalité du Mal. Ce sont les larmes de Marie qui nous dit pourtant « Avancez-vous, n’ayez pas peur ». 

Fr. Rémi-Michel 

P.S : merci à nos photographes de talent (Rémi, Alix et Agathe, vous êtes bénis !)  

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