Le seul diacre de tout le pays
Le seul diacre de tout le pays

Le seul diacre de tout le pays

Le fr. Marie-Augustin, ordonné diacre en juin dernier, passe son année de stage diaconal à Helsinki en Finlande. Voici quelques premières impressions.

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Le frère Marie-Augustin officie comme diacre

Je suis depuis désormais deux mois à Helsinki, où j’ai rejoint le frère Gabriel rentré cet été depuis Oslo dans son pays natal, et le frère Antoine présent depuis 10 ans : la communauté a ainsi triplé de taille ! La vie conventuelle y est donc nécessairement assez différente de la vaste majorité de nos communautés en France, mais cependant bien présente par l’office, la messe, et les repas communs. Cette différence tient aussi à la taille très modeste de l’Église catholique en Finlande : un unique diocèse comptant un peu plus de 12 000 fidèles, répartis en 7 paroisses où œuvrent une petite vingtaine de prêtres. Pour un pays de 5,5 millions d’habitants, grand comme un peu plus de la moitié de la France. Autant dire que nous ne sommes pas très visibles et identifiables dans une société qui, de surcroît, ignore tout de la vie religieuse.

Dans ce clergé restreint, je suis le seul diacre de tout le pays ! En tout cas le seul diacre catholique : l’Église orthodoxe de Finlande représente une petite minorité, avec ses diocèses et ses paroisses. L’Église luthérienne de Finlande ne connaît en revanche pas les diacres.

Mais le travail en cette année de stage ne sera pas de baptiser ou marier à tour de bras, tâches ordinairement dévolues au diacre, mais plutôt d’aider, par la rencontre et le 10801968_799836286744773_6604616318550196806_n-1témoignage, les fidèles à se construire une vie spirituelle, une identité de disciple qui reflète une authentique relation avec le Christ. La tâche est ardue : l’Église catholique reste ici un «produit d’importation» tant est elle est modeste, et l’inculturation est un défi tant il y a de visages ici. Car si la moitié des fidèles sont des luthériens convertis, l’autre moitié est faite d’immigrés africains ou asiatiques, plus ou moins bien intégrés à la société finlandaise. Rejoindre chacun dans sa relation au Christ est un vrai défi. Et encore plus avec la langue finnoise, exotique, à l’apprentissage exigeant. Le prêcheur se trouve soudain bien silencieux, investi dans l’observation, l’apprentissage, le regard… 

Cela tombe presque bien, puisque les Finlandais sont plutôt silencieux (pas autant que dans les films d’Aki Kaurismäki). Nous faisons connaissance petit à petit, via des rencontres à la fois à la cathédrale où nous allons fréquemment pour la messe, et au couvent avec les différents groupes qui s’y réunissent : conférences, séminaire Saint Thomas d’Aquin avec des étudiants de la faculté de théologie luthérienne voisine, groupes de lecture du catéchisme, messe et caté mensuel pour la communauté francophone, groupe de lecture de l’Évangile…

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Le frère Marie-Augustin progresse en finnois

Il y a, enfin, et c’est très important, les contacts avec les autres Églises en Finlande, luthérienne et orthodoxe, via un groupe de prière de Taizé et la prière œcuménique que nous accueillons chaque semaine au Studium. Dans toutes ces activités, le plus frustrant est sans doute de ne pas encore maîtriser la langue. Tout le monde parle anglais (et largement mieux qu’en France), mais il est évidemment pénible pour un Finlandais que sa foi et sa spiritualité ne puissent être discutées dans sa langue natale. L’effort que je mets à l’apprendre portera, je l’espère, bientôt du fruit !

TABELLA