Veritas

Prédication du 4ème dimanche du Carême, sur la deuxième lecture de la messe (Ep 5, 8-14 – texte de l’année A)

                                                  « Conduisez-vous comme des enfants de lumière ; or la lumière a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité… »

 

Pour saint Paul, c’est évident : aucune contradiction ne devrait exister entre la foi que l’on professe et la vie que l’on mène. Si l’homme a reçu la lumière du Christ et est, de ce fait, devenu croyant, il est invité à abandonner sa vie antérieure et ses actes qui le ramènent aux ténèbres. Cette exhortation paulinienne vise la perfection du croyant à travers la pratique des œuvres qui plaisent au Christ en vue de son propre salut.

Une de ces œuvres que nous sommes invités à réaliser est celle de faire la vérité ; c’est là un acte qui peut être douloureux et difficile à poser. En effet, nous croyons que dissimuler ou même mentir nous évitera le déshonneur. Nous avons peur d’être méprisé et abandonné par ceux qui nous sont proches. C’est là un prix coûteux à payer. Mais tel n’est pas le cas dans l’épître aux Éphésiens, car la vérité dont il est question se fait à la lumière du Christ qui libère et purifie ; c’est elle qui révèle toutes nos faiblesses, nos limites, nos défaillances dans le but de les convertir et de les transformer, parce que la lumière du Christ purifie nos cœurs. Nous devenons ainsi capables de réaliser des œuvres de lumière. Cette vérité n’est pas théorique, elle est en même temps justice et bonté. Il ne s’agit pas seulement de punir le coupable – ce n’est pas là la logique de l’Évangile – mais aussi de le ramener au bercail, de le purifier.

Les événements qui ont eu lieu récemment dans notre Église et dans notre société nous lancent le défi de la vérité. Nous avons été confrontés – et nous le sommes encore – à la question de la place de cette dernière au sein de notre communauté ecclésiale en tant qu’institution humaine et en tant que corps mystique. Ces événements nous ont couverts de honte et d’indignation et nous ont fait beaucoup de mal ; en même temps ils obligent à réfléchir sur notre devoir de faire la vérité, ils nous interrogent sur notre part de responsabilité dans ce qui se passe chez nous. En effet, si tous bénéficient du bien qui est fait par un seul, de même tous ont part aux conséquences des fautes d’un seul. Par expérience nous savons qu’il n’est pas aisé de dire la vérité quand il s’agit de dénoncer un acte indigne d’un disciple du Christ ; pour cela il faut nous ouvrir à la grâce de l’Esprit Saint, c’est Lui qui nous parle à travers l’Écriture et à travers notre conscience. Peut-être le moment est-il arrivé pour nous de nous rendre davantage disponibles à accueillir la lumière du Christ qui seule nous permettra de voir et de connaitre la vérité qui libère. C’est là un défi particulièrement pour nous frères dominicains dont la devise est Veritas. Laissons-nous donc éclairer par le Christ, lumière du monde, tandis qu’il fait jour.

 

fr. Daniel-Martin Livongue o.p.

TABELLA