Tous appelés à la responsabilité
Tous appelés à la responsabilité

Tous appelés à la responsabilité

(Witnesses/Theotokos, Nikola Saric)

Sermon dimanche, 2ème Semaine du Temps Ordinaire, 2021 (1 S 3, 3b-10.19)

Pourquoi aujourd’hui, la question de la vocation est-elle pour beaucoup si difficile ? Moi, je pense qu’une certaine lecture de ce texte peut faire peur. Samuel, tout jeune enfant avec des parents pieux, a été donné au Temple, il passe son enfance avec un guide sage, dans la demeure du Seigneur, même dans son sommeil il est près de Dieu. Entendant la voix du Seigneur, sa réponse à l’appel est immédiate, confiante, et il insiste trois fois, parce qu’il entend la Parole de Dieu plus fort même que le sage Eli.

On peut avoir deux réactions négatives : Soit, avec un cœur pieux, on s’identifie avec cet enfant consacré, choisi, élu, et on tend l’oreille dans la nuit pour entendre des voix – d’abord on se demande : « quel merveilleux destin Dieu a-t-il préparé pour moi ? Peut-être que je serai un prophète, avec le pouvoir de choisir les rois, et de faire des exhortations aux gens de pouvoir, comme Samuel ? » … et après, si on n’entend pas de voix, on finit dans la détresse et la culpabilité.

Soit on recule, parce qu’on n’a rien en commun avec Samuel, peut-être pas la meilleure relation avec l’Église, et pas de position dans la communauté ; et on conclut que la vocation, c’est pour ceux qui viennent des bonnes familles, et dans tous les cas, Samuel n’est-il pas juste un enfant endoctriné, qui n’a pas d’indépendance et de maturité ?

Saint Paul dit aux Corinthiens : « Lorsque j’étais enfant, je parlais en enfant, je pensais en enfant, je raisonnais en enfant. Une fois devenu homme, j’ai fait disparaître ce qui était de l’enfant. » Essayons, nous aussi, de prendre l’attitude adulte de S. Paul.

Comme chrétiens, nous n’avons pas à nous demander si nous sommes appelés. Nous avons la Parole de Dieu dans les mains. Et nous n’avons pas non plus à rester dans des rêves puérils sur ce qu’est la vocation chrétienne.

En fait, par notre baptême, nous sommes tous déjà prêtres, prophètes et rois dans le Christ. Nous sommes tous appelés à la sainteté, au témoignage et à l’annonce de la Parole. Ce qu’il nous faut, c’est décider concrètement comment vivre cette grâce de notre baptême.

Ce qui est rare aujourd’hui, c’est Anne et c’est Eli : les parents qui osent stimuler la spiritualité de leurs enfants, et le guide sage, qui peut éduquer et faire mûrir la vocation.

« Me voici », dit le jeune Samuel. C’est tout à fait bon. Mais il n’était pas seul, il y avait Eli, qui pouvait lui enseigner : répondre à l’appel, ça veut dire prendre une responsabilité, se mettre au service. Alors il conseille à Samuel une réponse d’adulte : « Parle Seigneur, ton serviteur t’écoute. »  Prions donc pour des vocations, mais aussi pour la sagesse et la sainteté dans nos communautés pour conduire les vocations à leur maturité ; ne disons pas seulement « me voici », mais, comme dans la prière eucharistique, « nous voici rassemblés devant toi ».

frère Andreas Riis, o.p.

TABELLA