L’amour, l’amour, l’amour, toujours le vieux discours
L’amour, l’amour, l’amour, toujours le vieux discours

L’amour, l’amour, l’amour, toujours le vieux discours

(Cycle of Life/The Ascension, Nikola Saric)

Prédication 6ème Dimanche de Pâques, 2021

Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu,
car Dieu est amour.

1 Jn 4, 7-10

L’amour, l’amour, l’amour, toujours le vieux discours. Soit divin soit humain : idem le baratin.

Bien-aimés, sans aller jusqu’à faire vôtres ces alexandrins de Brigitte Fontaine, peut-être êtes-vous lassés d’entendre cette première lettre de saint Jean, que nous n’entendons plus à force de la connaître. Et… à vous observer, je ne suis pas sûr de voir une effusion de l’Esprit Saint parmi vous, comme on en voit dans les Actes aujourd’hui.
Pourtant, on a là l’expression du cœur de notre foi : Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui.
Nous-mêmes, en parlant de notre foi et de l’amour de Dieu, nous devons espérer susciter foi et amour chez autrui. Comme dans cette lettre, ou comme dans le discours de l’apôtre Pierre à Corneille et ses proches. Dieu se sert de nos mots, dussent-ils se répéter. Dieu lui-même se répète, à nos oreilles dures, et, un beau jour, ses mots nous paraissent absolument neufs, et nous brûlent le cœur.
C’est un mystère, que nous ne contrôlons pas. C’est pourquoi, pour les baptisés et les prêcheurs inlassables que nous sommes, il nous faut oublier Brigitte Fontaine, et nous rappeler plutôt ces quelques vers de Pierre Corneille, dans Polyeucte martyr :

C’est peu d’aller au ciel, je veux vous y conduire

et

Dieu est toujours tout juste et tout bon mais sa grâce
ne descend pas toujours avec même efficace
.

Bien-aimés, lorsque j’ai présumé qu’il n’y avait pas d’effusion de l’Esprit Saint parmi vous, j’ai peut-être parlé trop vite.
Il est des effusions discrètes et silencieuses. Moi-même, je n’avais pas sauté au plafond en parlant en langues, lors de cette catéchèse pour adultes à Paris, en 2015, quand l’Esprit saint m’a brûlé le cœur, et donné l’ardeur à vouloir devenir prêtre, pour Dieu et pour les hommes… Une simple catéchèse, sur la mort du Christ ; des mots répétés, sans doute, mais vrais ; des mots, aujourd’hui oubliés, mais qui décident d’une vie.
Alors des effusions, il y en a de toutes sortes. Mais leur point commun à toutes, c’est qu’elles nous font connaître et aimer Dieu, et vouloir L’imiter, en donnant à notre tour notre vie par amour.
Ainsi, comme Corneille et ses gens, écoutons avec foi tout ce que Simon-Pierre a à nous dire – tout, en effet, car son discours des Actes est cruellement coupé, aujourd’hui, dans la liturgie. Pierre ne s’arrête pas à affirmer que Dieu est impartial, et qu’il accueille les justes de toutes les nations…
En voici donc la suite, dans sa simplicité trinitaire, et l’on comprendra peut-être mieux pourquoi l’Esprit a jailli alors :

Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les commencements en Galilée, après le baptême proclamé par Jean : Jésus de Nazareth, Dieu lui a donné l’onction d’Esprit Saint et de puissance. Là où il passait, il faisait le bien et guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui. Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné de se manifester, non pas à tout le peuple, mais à des témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts. Dieu nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que lui-même l’a établi Juge des vivants et des morts. C’est à Jésus que tous les prophètes rendent ce témoignage : Quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon de ses péchés.


Fr. Thomas Carrique, o.p.

TABELLA