C’est par ignorance que vous avez agi
C’est par ignorance que vous avez agi

C’est par ignorance que vous avez agi

(Cycle of Life/The Crucifixion, Nikola Saric)

Prédication 3ème Dimanche de Pâques, 2021

Vous avez tué le Prince de la vie,
lui que Dieu a ressuscité d’entre les morts,
nous en sommes témoins.
D’ailleurs, frères, je sais bien
que vous avez agi dans l’ignorance, vous et vos chefs.
Mais Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait d’avance annoncé
par la bouche de tous les prophètes :
que le Christ, son Messie, souffrirait.
Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu
pour que vos péchés soient effacés
.

Ac 3, 13-15.17-19

On pourrait facilement voir dans ces paroles de S. Pierre une simple critique des Juifs qui rejettent Jésus comme envoyé de Dieu. Mais n’oublions pas que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob est aussi celui des Apôtres, ainsi que le nôtre.

L’histoire, l’existence même de notre Eglise s’inscrit dans la continuité de celle du peuple d’Israël, premier élu de Dieu. Pierre, donc, qui s’adresse aux hommes d’Israël, s’adresse aussi à nous, chrétiens. C’est aussi nous qui avons renié Jésus devant Pilate, réclamé sa mort plutôt que celle d’un réel coupable, et livré à la mort le prince de la vie. C’est nous, aussi, que vise cet appel à la conversion.

Mais que faut-il faire ? C’est par ignorance que vous avez agi. C’est par ignorance que nous agissons encore, le plus souvent. Savons-nous vraiment ce que nous faisons de nos vies ? Elles contiennent, bien sûr, leurs peines et leurs joies, des échecs et des triomphes, mais tout cela, quel en est le sens ?

En fait, il ne nous revient pas tellement de répondre à cette question. Ce n’est pas à nous de chercher à donner un sens à nos vies, mais bien plutôt à Dieu, qui est celui qui nous donne ces vies-mêmes. Dieu, lui, peut donner un sens même au non-sens le plus complet, même à la folie de la croix. Face à un des plus grands crimes que nous, humains, pouvions commettre, la réponse de Dieu n’est pas une vengeance, ou un jugement immédiat et sans appel. En ressuscitant Jésus des morts, il nous montre à la fois sa puissance et sa patience. Cette puissance et cette patience, c’est à nous comme aux Apôtres d’en être les témoins.

En être les témoins, c’est possible : parce que ce sens de nos vies que nous chercherions en vain, mais que Dieu nous donne gratuitement, c’est aussi le sens d’une vie qu’il a partagée avec nous. C’est le sens de la vie du Christ. C’est donc aussi le sens de toute vie chrétienne. C’est-à-dire une vie vécue de manière à la fois humble et confiante—paradoxe apparent. Humble, en reconnaissant nos propres faiblesses, nos limites, notre ignorance. Mais tout en faisant confiance à Dieu, qui nous a sauvés et nous a envoyés, qui a même accepté notre mort pour nous donner sa vie.

Fr. Vincent Löning, o.p.

TABELLA